Encore en pleine convalescence du fait des crises successives, qu’elles soient économique, agronomique, climatique avec les sécheresses mêlées aux canicules, et sanitaire avec la jaunisse de 2020 (notre rendement a été de 30 t/ha en moyenne dans l’Yonne), nous sommes replongés dans de nouvelles difficultés avec l’épisode de gel des dernières semaines. Avec le gel, la moitié de notre sole bette-ravière a nécessité un ressemis (15 % en France), sans protection néonicotinoïdes sous la menace d’une résurgence de la jaunisse. Les populations des parcelles laissées en place sont clairsemées et ne laissent guère de doute sur un affaiblissement du potentiel pour notre récolte.
Nos colzas déjà mal en point, nos orges de printemps et notre vignoble chablisien ont égale-ment fait les frais de ce gel intense dans notre département. Après ce sinistre constat, nous devons une nouvelle fois collectivement relever la tête. Ressemer. Les sélectionneurs ont fait preuve d’une grande réactivité pour nous approvisionner en semences, je les remercie également de participer à l’effort de solidarité sur les prix de semence afin de partager le fardeau de ce nouveau coup dur. En effet, tous les planteurs de l’Yonne et français ne livrent pas à un groupe coopératif capable d’offrir la semence. Certes, cette gratuité est une réponse d’urgence pour répondre aux difficultés de planteurs accablés par plusieurs crises et un investissement pour sécuriser les livraisons. Mais dans une filière mise en difficulté par la succession des crises, il faut veiller à ne pas se méprendre, cette gratuité a un coût ! Et face à un épisode climatique jamais vu dans notre filière betteravière, il faut une réponse collective qui passe par l’assurance récolte et accompagner avec l’État une trop large partie d’entre nous qui ne sont pas assurés.
Alerter : rapidement, comme pour la jaunisse, nous avons été réactifs, avec le syndicalisme général FDSEA-JA, et alerté nos réseaux – services de l’État et parlementaires – afin de mettre en place les mesures d’urgence qui s’imposent, et traiter comme il se doit le risque jaunisse 2021. Se protéger. L’enjeu de travailler sur la gestion des risques après 38 mois de prix du sucre sous le seuil de référence, trois sécheresses, une crise sanitaire et un épisode de gel historique n’est plus à prouver. Sur l’assurance récolte, il faut en étendre l’utilisation avec un seuil de déclenchement à 20 %. Et sur la jaunisse, comment se prépare-t-on en cas de résurgence du virus ? Les 50 000 ha qui auront été ressemés sans néonicotinoïdes vont être particulièrement exposés aux pucerons et les quotas d’aides de minimis ont largement été amputés par la crise de 2020. Il me semble que ce serait le bon moment que notre filière anticipe d’éventuelles difficultés et lance avec l’État et les régions un travail autour du dispositif sectoriel d’indemnisation de la jaunisse, qui puisse être opérationnel dans les meilleurs délais, au cas où…
Tribune
24/09/24
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