Les prix de betteraves 2023 sont connus, pour l’essentiel, que ce soit en France ou dans...
Fin mai, les opérateurs non-commerciaux, appelés communément les spéculateurs, étaient net-acheteurs de plus de 4 Mt de sucre. Un mois après, leur position est à l’équilibre, ce qui ne s’était jamais vu depuis deux ans. Les analystes divergent : est-ce un mouvement temporaire, lié à des mesures comptables (en lien avec la date de fin juin), et vont-ils revenir vers le sucre compte-tenu des fondamentaux robustes de ce marché ? D’autres estiment au contraire que les craintes liées à l’inflation, l’énergie et les monnaies risquent de prendre le dessus…
Il est d’ailleurs vrai que les monnaies ont été malmenées en juin. Le Réal, la monnaie brésilienne, a perdu 7 % sur le mois. L’euro continue sa chute face au dollar : depuis le début de l’année, la perte atteint 10 % et la parité n’avait jamais été aussi basse depuis 20 ans…
Enfin, le pétrole perd 8 % pour revenir tout juste au-dessus de 100 $/baril, entrainant l’éthanol brésilien qui perd, lui aussi, 8 % lorsque libellé en dollar.
Avec de telles turbulences, il est remarquable de constater que le sucre brut ne perd « que » 4 % (alors que le blé perd 15 % !). Pour la première fois depuis février, il passe sous les 18 cts/lb. Le sucre raffiné suit le mouvement, mais, plus rare, il se maintient toujours en forte prime par rapport au sucre brut, de plus de 150 $/t !
Cette résistance est à mettre en lien avec les fondamentaux, qui restent porteurs. Fin juin, FoLicht a publié une révision de ses bilans mondiaux : le déficit sur 2021/2022 est estimé à -1,9 Mt, et le déficit cumulé des trois dernières campagnes dépasserait donc les 7,6 Mt. Sur la campagne 2022/2023, l’analyste s’aventure à une première estimation : il prévoit une campagne à l’équilibre (+0,9 Mt). Certes, il serait bien naïf d’accorder du poids à ce chiffre à une telle échéance, mais il souligne l’absence de virage fort anticipé dans les volumes de production.
Enfin, les nouvelles du Brésil peuvent venir en soutien des cours. Les chiffres de début de campagne (entre avril et mi-juin), ont été rendus publics : on y lit une baisse de 4,5 % de la teneur en sucre de la canne. Le pays n’aurait transformé « que » 145 Mt de canne depuis le début de la campagne, c’est 12 % de moins que l’an dernier. Enfin, l’allocation à l’éthanol reste à des niveaux record : au-delà de 58 % contre moins de 55 % l’an passé.
Du côté européen, la Commission européenne vient de rendre publique les prix de vente de sucre livré en mai dernier sur la zone incluant la France, à 438 €/t. Mais bien malheureux l’utilisateur qui n’avait pas couvert ses achats de sucre… Le prix du spot dépasserait en effet désormais les 900 €/t, et la Commission européenne a d’ailleurs annoncé que des intervenants avaient importés, en juin, du sucre sous quota CXL – c’est-à-dire en payant un droit de douane de 98 €/t !
La situation n’est pas prête de se calmer, puisque le premier bilan communautaire, que vient de dévoiler la DG Agri, montre une nouvelle contraction des stocks en fin de campagne. On finirait septembre 2023 autour de 1,6 Mt de sucre, contre 1,9 Mt estimé pour septembre 2022…
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